Léon Bathiat : premier aviateur à se poser à Contis. Le 31 Août 1912 , date oubliée de tous. Pourtant, cette date est marquée par le tout premier avion de l’histoire de Contis. Piloté par l’aviateur Léon BATHIAT, l’aéronef « SOMMER » se posait, après une course folle menée à travers la France pour remporter la « Coupe POMMERY ».
Le 31 août 2012, date exacte du centenaire de cet « assablissage » est l’occasion de revenir sur cette part de l’histoire de Contis, et de compléter l‘article que nous consacrions à l’aviateur dès l’année 2006. Nous ne reviendrons pas ici sur l’histoire de l’aviateur, développée dans ce précédent article, mais nous concentrerons sur les nombreux détails que nous avons réussi à recueillir avec l’aide des nombreux contributeurs de ContisPlage.com.
La sculpture commémorative :
Lors des 80 ans (1992) de cet évènement, une sculpture commémorative fut réalisée pour l’occasion et apposée sur le mur Est de la Chapelle de Contis.
En 1992, l’association contacte Monsieur Bernard CREUZÉ, professeur aux Beaux Arts de Bordeaux, sculpteur, graveur et pilote. Le financement de la sculpture est réalisé par la Maison de Champagnes POMMERY dont le directeur de l’époque est passionné de vol et pilote de parapente, les VieIlles Tiges, au travers de Mme POMMARES, ainsi que Mme PUYO ( chef de produit d’une Maison de Champagne) et Mme GLOTTIN (Maison POMMERY) permettent par leurs participations la mise en œuvre du projet. La sculpture est inaugurée le 29 août 1992, en présence de membres des Vieilles Tiges, d’anciens pilotes et membres de l’Armée de l’Air, par le Général Michel GENSE.
Ce que représente la sculpture.
- Plaque gravée mentionnant : « LÉON BATHIAT : parti en aéroplane de Calais le matin même, s’est posé ici, à Contis, le 31 août 1912, établissant le premier record de distance parcourue dans la journée. Cet exploit s’inscrivait dans le cadre de la Coupe POMMERY« . La plaque possède sur son centre gauche une gravure portrait de Léon BATHIAT, sur son centre droit le blason de la Maison de Champagne POMMERY à REIMS, sur son angle en bas à droite le nom du groupement Léon BATHIAT les Vieilles Tiges du Sud-Ouest et la date 29 août 1992
2 / La sculpture représente Léon BATHIAT, prenant la pose sur son avion, photographie réalisée après l’atterrissage à Contis en fin de journée du 31/08/1912. Il s’agit là de la représentation dans la pierre de la première photo d’illustration de notre article. On distingue les lettres « RS » pour Roger SOMMER du fuselage de l’avion sur la droite.
3 / Les Vieilles Tiges : La partie inférieure de la sculpture représente le blason de l’association « les Vieilles Tiges du Sud-Ouest » figurant un avion vu du dessus et les lettres « V » et « T ».
4-5-6-7 / La « langue de cuivre » représente le trajet de Léon BATHIAT. A son sommet, le lieu de départ « Calais », puis la distance découpée par tranche de 100Km. Entre 700Km et 800Km, elle comporte le rappel « Léon BATHIAT 31 août 1912 ». Le bas de la langue de cuivre comporte la distance exacte du trajet : 820Km, puis une photo de Léon BATHIAT (difficilement visible désormais) et le lieu de atterrissage : Contis
La Coupe Pommery : les détails de ce challenge aérien.
Certains articles retracent l’histoire de Léon BATHIAT, et sa participation à la « Coupe POMMERY ». Mais peu détaillent ce que représentait pour l’époque cet évènement.
L’aviation n’a pas décollé en France uniquement grâce aux pilotes et constructeurs, elle fut dynamisée par de nombreux mécènes qui repoussèrent les limites de ce nouveau moyen de déplacement toujours plus loin. On compte parmi eux Lazare WEILER, Henry DEUTSCH de la MAURTHE, les frères MICHELIN ainsi qu’un grand nom du champagne, la Maison POMMERY.
Le règlement de la coupe POMMERY était simple : il fallait parcourir la plus longue distance entre le lever et le coucher du soleil. La Coupe POMMERY suscitait bien des convoitises, à la fois au niveau des pilotes, mais aussi de la part des constructeurs, qui (nous le verrons plus loin), ont rapidement compris que ce concours pouvait offrir une vitrine publicitaire non négligeable pour leurs avions. Deux primes étaient distribuées par la Maison POMMERY, chacune d’un montant de 15 000 francs. La première récompense le vainqueur au 30 avril, la seconde le vainqueur au 31 octobre.
Le record de Léon BATHIAT, daté du 31 août 1912 pour 820 Km sera malheureusement pour lui dépassé de très peu le 6 octobre 1912 par l’aviateur Pierre DAUCOURT, établissant une distance de 852 Km entre Valenciennes et Biarritz à bord d’un avion Borel. Léon BATHIAT ne remporta donc pas la prime.
Les records de la coupe POMMERY sont :
- 28 mars 1911 : Paris – Poitiers : 293 Km par Jules VÉDRINES
- 22 mai 1911 : Paris – Angoulême : 400 Km par Jules VÉDRINES
- 30 avril 1912 : Villacoublay – Biarritz : 750 Km par René BEDEL
- 6 octobre 1912 : Valenciennes – Biarritz : 852 Km par Pierre DAUCOURT
- 27 avril 1913 : Biarritz – Kollum : 1229 Km par Maurice GUILLAUX
- 10 juin 1913 : Villacoublay – Varsovie : 1382 Km par Marcel BRINDEJONC des MOULINAIS
Détails sur les lieux :
Peu de détails sont donnés dans les récits historiques sur les lieux exacts. Toutefois, avec l’aide de nombreux contacts, il a été possible de déterminer les lieux et le type d’appareil utilisé par Léon BATHIAT le 31 août 1912.
Le départ de Léon BATHIAT se fait de Calais, le 31 août 1912 à 5 h 38 m 54 s devant environ 1000 personnes (source L’Ouest-Eclair du 1er septembre 1912)
Il se pose à Contis le même jour, à 6 h 45 m du soir, il est le premier pilote à emprunter ce couloir nord-ouest.
L’atterrissage s’effectue à environ 300 mètres au Nord de Contis (face aux maisons les plus au nord de nos jours). L’appareil est poussé sur la plage jusqu’à Contis et mis en station, un drap enveloppant le moteur afin de le protéger du sable.
L’appareil est gardé par deux hommes durant la nuit, Léon BATHIAT passe la nuit au « Grand Hôtel » de Contis. Situé sur la dune, cet hôtel était aux environs des trois maisons à toiture courbe. Il faisait face à la mer, et son avion était stationné non loin de là.
Le départ de Léon BATHIAT se fait le lendemain, le 1er Septembre 1912, sur la plage, devant le Grand Hôtel. Aujourd’hui, cette zone se situe environ à 400 mètres de la digue Nord du courant de Contis.
Je passe sur Boulogne-Abbeville et atterris à Amiens. J’y fais le plein et repars pour Saint-Cyr-l’École. Après 55 minutes de vol un cylindre ne tourne presque plus. certainement c’est un ressort d’admission de cassé. Je marche sur 6 cylindres. […] Le voyage jusqu’à Poitiers est sans histoire mais en revanche avec beaucoup de remous. […] Jamais je n’ai autant lutté […] j’atteris à Contis-les-Bains dans les Landes et j’y suis reçu par le lieutenant Hériard-Dubreuil. Mon voyage était terminé mais mon but n’étais pas atteint ».
L’avion « extra-rapide » :
L’avion utilisé par Léon BATHIAT est trop peu connu. On remarque toutefois la mention « R. SOMMER » sur le fuselage. La société SOMMER, est créée par Roger SOMMER, aviateur, fin 1909.
Après avoir débuté dans la construction de biplans, SOMMER, visionnaire, se lance assez rapidement dans la construction de monoplans. L’année 1912 est importante pour la société SOMMER. Elle mise beaucoup sur la négociation avec l’armée de l’air de la commande de 20 appareils SOMMER monoplan. Mais les machines sont réputées peu stables, bien que pilotées par des démonstrateurs de talent, comme Léon BATHIAT qui pilote pour cette société.
En 1912, SOMMER décide de lancer un nouvel avion : le « EXTRA-RAPIDE » : son fuselage est entoilé (les modèles précédents laissaient à l’air libre l’architecture formant la queue de l’appareil).
Le SOMMER « EXTRA-RAPIDE » est équipe d’un moteur Gnome de 70CV (la référence à l’époque). Le 26 janvier 1912, piloté par Léon BATHIAT, l’EXTRA-RAPIDE bat le record de vitesse en circuit fermé, avec une moyenne de 144,612Km / h. L’avion coûte à l’époque environ 24 000 francs. L’EXTRA-RAPIDE appelé aussi « Type E » doit devenir la référence pour SOMMER, qui compte bien pouvoir décrocher quelques marchés auprès de l’armée, appuyé par les résultats de ses avions.
BATHIAT et SOMMER (associés dans l’entreprise) décident donc de participer à la Coupe POMMERY afin de se servir de ce challenge comme une belle page publicitaire pour cet avion. Ils profitent de l’occasion pour peindre la toile de la queue de l’appareil en couleur sombre, et y ajouter en gros caractères blancs visibles depuis le sol la marque du constructeur « R. SOMMER », ce qui explique cette mention, peu courante à l’époque, … et certainement la présence de quelques photos, plutôt rares à Contis pour l’époque.
Les caractéristiques du SOMMER Extra-Rapide ou Type E :
- Constructeur de l’avion : Entreprise Roger SOMMER
- Modèle : Extra-Rapide ou Type E
- Variante de Modèle : appareil « Coupe POMMERY » peint aux couleurs de l’entreprise SOMMER
- Fuselage : entoilé
- Motoriste : GNOME (qui deviendra SECMA, puis SAGEM puis SAFRAN Aéronautique)
- Motorisé par un moteur GNOME de 50CV ou 70CV
- Vitesse maximale : 105 ou 135 Km / h en fonction du moteur
- Envergure : 8,7 mètres
- Longueur : 6,7 mètres
- Poids à vide : 270 Kg
- Poids brut : 440 Kg
- Poids du moteur : 75 Kg
- Surface alaire : 16 mètres carrés
- Pilote : Léon BATHIAT : pilote d’essai, de course et associé SOMMER
Vous connaissez désormais les nombreux détails liés à ce centenaire et au 31 août 1912 à Contis. Alors si vous vous trouvez un 31 août à Contis, à 18h45, n’oubliez pas de lever votre flute d’eau pétillante vers le ciel, en hommage à Léon BATHIAT !
Remerciements (initiales) : JP-AK-TH-JJT-CL-TU-OP-JA-HG-PMA-MP-SC-LAU-H-G4-OL-DC-JM-UMC