Le secret de la spirale du phare de Contis |
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Nous vous proposons pour ces journées du patrimoine 2008 de découvrir l'histoire de la génèse des phares noirs et blancs en spirale. Après deux années de recherches, nous avons trouvé de part le monde de nombreux phares identiques au phare de Contis, trait pour trait, couleur pour couleur. De grands phares blancs enroulés de deux spirales noires, la spirale s'enroulant toujours de gauche à droite, avec le même angle d'enroulement. Comment expliquer qu'on retrouve à plusieurs milliers de kilomètres de distance, le même type de bâtiment, aux mêmes couleurs et avec le même motif ?
Photo ContisPlage.com / JGordon (cca2) / Hyku (ccaby)
Certains vous expliqueront qu'il s'agit d'un concept mathématique "la vis d'archimède", d'autres vous démontreront que ce dessin s'inspire d'un sucre d'orge ... mais ces théories ne sont malheureusement que de douces inventions, la réalité historique est toute autre.
Le travail sur la signalétique des phares débute à la fin des années 1800 aux Etats Unis. La question qui se pose à l'époque dans les bureaux de l'USCG à Washington (United States Coast Guard Department of Homeland Security), l'équivalent d'une société nationale des phares et balises, la question donc est de savoir si il est possible, pour les nouvelles générations de phares d'être à la fois des repères nocturnes, mais aussi diurnes. En plein jour, les risques côtiers pour les marins restent les mêmes, sauf que les lumières des phares restent inopérantes. Ce service, basé à Washington et en charge de la sécurité maritime, travaille donc à l'élaboration d'une nouvelle génération de phares, capables de signaler en plein jour leur position aux marins. Trés tôt, l'idée de peindre le corps du phare apparaît comme une évidence, mais comment le peindre ?
Comme bien souvent, l'idée géniale vient de la vie quotidienne. A cette époque, les ingénieurs de l'USCG se rendent régulièrement chez leur barbier, afin d'entretenir leur look impécable de fonctionnaires de la capitale des États-Unis. Sur les façades des "baber shops", un nouveau type d'enseigne fait depuis quelques mois son apparition et est bien connue pour attirer particulièrement le regard : une boule de lumière sous laquelle s'enroulent deux bandes de couleur sur un cylindre : l'une bleue, l'autre rouge ... c'est l'enseigne nationale des barber-shops, nommée aussi le " barber pole."
Une fois le motif déterminé, le choix des couleurs devait désormais se porter pour l'USCG sur une combinaison avec beaucoup de contrastes, visible de loin, dont les couleurs résisteraient aux assauts du vent, du soleil et du sel de la côte, le contraste noir et blanc semblait le plus opportun et le plus visible de loin. Le cylindre blanc des phares serait donc peint de deux bandes noires, la copie du barber-pole expliquant le choix des deux bandes noires et non d'une seule (pourtant bien plus simple à peindre), car sur l'enseigne originale, elles sont de couleurs différentes.
Le phare de Contis est ainsi le plus "américain" des phares Français avec une signalétique visuelle réalisée en 1937 par Louis Lucien BELLOCQ dit MENOUNE, originaire de Saint-Julien-en-Born. La génèse du thème peint sur le phare de Contis reste aujourd'hui encore un mystère, mais on peut toutefois envisager qu'au regard de l'histoire maritime et compte tenu des échanges et des voyages des marins entre la côte Est des Etats-Unis et la France, l'expérience menée sur les phares américains fût probablement une inspiration majeure dans le choix d'un motif original pour le Phare de Contis, phare sur lequel on retrouve bien les deux bandes noires, caractéristiques des phares américains de catégorie "barber-pole"... et des enseignes de barber-shops que nous n'avions pas à l'époque à Saint-Julien-en-Born...
Deux exemples de phares :
Cape Hatteras : le plus ancien, le plus connu, le plus mobile ...
Date de peinture : 1873
Le phare de Cape Hatteras est situé sur l'île d'Hatteras, dans les Outer Banks de Caroline du Nord, près de la communauté de Buxton. Les Outer Banks sont un groupe d'îles sur la côte de la Caroline du Nord qui séparent l'océan Atlantique de la côte de Pamlico Sound. Les courants dans cette zone sont assez dangereux, principalement dans la région de Diamond Shoals, juste au large du Cap Hatteras. A proximité, le Gulf Stream, chaud courant océanique, entre en collision avec les courants froids du Labrador, en créant des conditions idéales pour que la puissance de l'océan s'exprime. Le grand nombre de navires qui s'est échoué à cause des mouvements de bancs de sable, y compris durant la guerre civile à donné à cette région le surnom de "cimetière de l'Atlantique." La violence de l'océan a également conduit le Congrès Américain à autoriser la construction du phare de Cape Hatteras, qui est reconnue par le National Park Service, comme le plus grand phare en Amérique. Le phare est l'un des nombreux phares toujours opérationnels de la côte de la Caroline du Nord.
L'origine du phare de Cape Hatteras.
Le 10 Juillet 1797, le Congrès Américain vote un budget de 44.000$ "pour ériger un phare sur la pointe des terres du Cape Hatteras et un phare sur l'île de Shell, dans le port de Ocracoke dans l'État de la Caroline du Nord." Le phare de Cape Hatteras coûte 14.302$ et la construction du phare de l'île de Shell fût effectuée avec l'excédent de budget. Les deux phares furent achevés en 1803.
Le phare de Cape Hatteras marque la position des hauts-fonds qui s'étendent du Cap sur une distance de 10 milles marins (19 km). La tour d'origine a été construite de grès. À l'origine, la signature lumineuse se composait de 18 feux, d'un réflecteur 14 pouces (360 mm), à une hauteur de 112 pieds (34 m) au-dessus du niveau de la mer. Il était visible par temps clair sur une distance de 18 miles (29 km).
photo : USCG public domain
En Juillet 1851, le lieutenant David D. Porter, USN, disait :
"Le phare d'Hatteras, est le plus important sur notre côte Est des États-Unis d'Amérique, mais aussi, la pire lumière dans le monde. Cape Hatteras signale à tous les navires allant vers le sud, et également en provenance de cette direction, que le courant du Gulf Stream vient si proche de l'extrémité de la pointe des hauts-fonds, que les navires se doivent d'éviter ces lieux si ils veulent poursuivre leur route. Le seul guide qu'ils aient est la lumière..."
L'amélioration du système optique du phare de Cape Hatteras a commencé en 1845 lorsque les réflecteurs ont été changés de 14 à 15 pouces (380 mm). En 1848, les 18 feux ont été ramenés à 15 feux et à 21 pouces (530 mm) et le rayonnement du phare devenu visible par temps clair à une distance de 20 miles (32 km). En 1854, la première lentille fût changée, et la tour a été agrandie à 150 pieds (46 m).
En 1860, le phare fût réquisitionné en raison de l'éclatement de la guerre civile. En 1862, la lentille fût détruite.
Le phare :
À la demande de marins et d'officiers de la marine américaine, le Congrès vote en 1868 un crédit de 80000 $ pour a construction d'une nouvelle balise à Cap Hatteras. La construction est réalisée sous le contrôle de "The Light-House Conseil" qui était un organisme fédéral sous la direction du ministère du Trésor. Le Conseil se compose de deux ingénieurs de l'Armée de Terre, deux officiers de la Marine, deux civils scientifiques, et un officier supplémentaire à la fois de l'Armée de terre et de la Marine.
Achevé en un peu moins de deux ans sous la direction du Général de brigade JH Simpson de l'US Army Corps of Engineers, le nouveau phare de Cape Hatteras coûta finalement 167000$. La nouvelle tour, est la plus haute tour de brique d'un phare dans le monde. Haut de 193 pieds (59 m) au-dessus du sol, la hauteur de la lampe est de 191 pieds (58 m) au-dessus de l'eau. La vieille tour "n'étant plus du tout utilisée et risquant de tomber au cours des violentes tempêtes» fût démolie en Février 1872.
Au printemps 1879, la tour est frappée par la foudre. Des fissures apparaissent dans la maçonnerie des murs, qui furent corrigées en plaçant une tige métallique permettant de connecter la tour avec un disque de fer coulé dans le sol. En 1912, la puissance lumineuse fût portée de 27.000 à 80000 cp.
Depuis l'achèvement de la nouvelle tour en 1870, la plage de Cape Hatteras, sous l'influence des courants violents de cette zone, a commencée à disparaître. L'érosion de la plage n'était pas un phénomène inquiétant, jusqu'en 1919, date à laquelle la ligne des hautes eaux progressa d'environ 300 pieds (91 m) vers la base de la tour. Depuis cette année, les vagues s'approchaient régulièrement de la base de la tour jusqu'en 1935, date à laquelle le site a été finalement atteint par les vagues. Plusieurs tentatives ont été faites pour arrêter cette érosion, mais les digues et les brise-lames ne furent que des constructions éphémères.
Le National Park Service acquit la propriété du phare en 1935.
Déplacement du phare :
En raison de l'érosion importante et rapide de la rive, le phare de Cape Hatteras fût déplacé (par la Expert House Movers) depuis son emplacement d'origine au bord de l'océan vers un site plus sécurité à 2870 pieds (870 m) à l'intérieur des terres. L'initiative a été controversée à l'époque avec la spéculation que la structure ne survivraient pas au déplacement.
Photo cca3Radiofan
Malgré une certaine opposition, les travaux ont progressé et le déménagement a été achevé entre 1999 et 2000. Désormais et depuis 2000, le phare est pleinement ouvert au public à son nouvel emplacement à l'intérieur des terres !
Photo JGordon (CCA2)
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St-Augustine : sous le soleil de Floride ...
Date de peinture : 1874
Photo : Hyku (ccby)
Le phare Saint - Augustine est le phare de l'extrémité nord de l'île Anastasia, aux limites de la ville de Saint - Augustine, en Floride. La tour, construite en 1874, est détenue par le Saint - Augustine Lighthouse and Museum, Inc (SAL & M), un organisme sans but lucratif, musée maritime et privé d'aide à la navigation.
L'histoire du phare de Saint-Augustine.
Saint-Augustine fût le premier site de contruction d'un phare en Floride, site déterminé par le Gouvernement des États-Unis en 1824. Selon certains documents d'archives et des cartes, ce "site officiel" fût choisi pour être l'emplacement d'une ancienne tour de guet construite par les Espagnols dès la fin du 16ème siècle. Une ancienne carte de Saint-Augustine, de Sir Francis Drake représentant l'attaque de la ville par Boazio Baptista en 1589, montre la tour de vigie en bois, construite par les Espagnols. En 1737, cette tour de vigie était aussi utilisée de nuit comme un phare rudimentaire.
En 1763, les Britanniques prennent le contrôle de ce territoire en échange de La Havane laissé aux Espagnols. Le nouveau gouvernement utilise dès les premiers mois la tour de vigie comme l'un des phares importants de cette côte.
En 1789, Jacques N. Belline, hydrographe Royal français, fait référence à cette tour comme un "Batise" dans le Volume I de "Petit Atlas Maritime." Face à l'érosion et l'évolution du littoral, la vieille tour s'abîme dans la mer en 1880.
Dès 1824 un bâtiment plus robuste fût construit, anticipant ainsi la chute de l'ancienne tour. Surmonté d'un feu alimenté par de l'huile de lard. A de nombreuses reprises, le système optique est amélioré et perfectionné, comme en 1855 par une lentille de Fresnel qui améliora considérablement la puissance du phare.
Au début de la guerre civile , une femme nommée Maria De Los Delores Mestre, vola la lentille du phare et la cacha dans le but de bloquer l'Union les voies maritimes.
Photo : Hyku ( ccby)
En 1870 l'érosion des plages menacait le premier phare. La construction d'un nouveau phare commença dès 1871.
La nouvelle tour fût achevée en 1874, et mise en service avec une nouvelle lentille de Fresnel. Il fût allumé pour la première fois en Octobre 1874 par le gardien de phare William Russell.
Pendant 20 ans, le site a été habité par le chef-gardien de William A. Harn de Philadelphie. Harn est un héros de guerre qui a commandé son propre bataillon lors de la bataille de Gettysburg. Avec sa femme, Kate Skillen Harn, du Maine, il eut six filles. La famille est connue pour servir la limonade sous le porche de la maison des gardiens.
Le 31 août, 1886 le tremblement de terre de Charleston fait violemment infléchir la tour, selon le journal du gardien aucun dommage de structure n'est constaté.
Après de nombreuses expériences avec différents types d'huiles, en 1885, le feu est alimenté au kérosène.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les gardes Côtes Américains utilisent le phare de Saint-Augustine comme un poste de vigie contre les navires ennemis et les sous-marins qui fréquentent les côtes. Les Gardes Côtes habitent dans le petit poste de garde, au pied du phare.
Photo : hyku (ccby)
En 1925, l'électricité arrive enfin jusqu'au phare, mais le phare n'est définitivement connecté au système électrique qu'en 1936, puis automatisé en 1955.
Photo World ridden ( ccby)
D'autres phares sont aujourd'hui les copies conformes de ces trois phares, y compris en France. Nous publierons la liste compléte ... peut-être, lors d'une nouvelle journée du patrimoine.
Si vous souhaitez être informés des prochaines publications sur ce thème, n'hésitez pas à nous laisser votre e-mail sur info@contisplage.com
Remerciements & sources :
US Coast Guard Archives
United State Coast Guard
US National Park Service
US NPS Maritime Heritage Program
North Carolina State
Florida State
St Augustine City
James GORDON
Savannah
Magnus Manske
U.S. Coast Guard Archive photo
Radiofan
Hyku
Word Ridden
Wikipedia
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